Lorsque nous avons créé Pépites emploi, nous avions pour objectif des success stories comme celle-ci. Louis a été recruté par Action à la suite de notre sélection et de notre préparation. Découvrez cette histoire, avant de donner la parole à Louis et à la Coordinatrice de Pépites Emploi en charge du recrutement pour Action.
L’enseigne Action nous a missionnés pour plusieurs postes à pourvoir. Isabelle est Coordinatrice du recrutement chez Pépites emploi. C’est elle qui a approché Louis, il y a deux mois. Louis était inscrit sur le jobboard de l’Agefiph, et il avait précisé qu’il possédait une RQTH. Isabelle l’a alors appelé pour un entretien.
Louis a 24 ans. Il a obtenu un CAP Boulanger en 2018 et un bac pro Technicien gaz en 2023 avec mention. Son profil ne correspondait donc pas directement au poste de vendeur polyvalent, mais il était ouvert à des propositions. Il cherchait un emploi compatible avec son état de santé actuel depuis un an. Il a été immédiatement séduit par le poste proposé.
Le cœur de notre accompagnement est de systématiquement travailler avec le candidat sur sa façon de se présenter. Tout comme notre concours annuel Le Grand Pitch, Pépites emploi est en effet un cabinet de recrutement différent, qui utilise l’art oratoire pour préparer ses candidats à un entretien.
D’emblée, Louis s’est montré volontaire, avec une bonne présentation, un charisme et une éloquence impressionnants. Tout le travail d’Isabelle a été d’avoir un regard neuf, sans préjugé vis-à-vis du handicap de Louis, et de le faire se raconter pour lui faire prendre conscience de ses qualités. Il a fait un travail sur lui-même et se connaît bien. Il suffisait ici de lui consacrer du temps et de l’attention pour qu’il prenne confiance en ses talents.
L’entretien s’est très bien déroulé, et Louis nous a contactés pour nous annoncer qu’il avait été recruté, qu’il était ravi de notre accompagnement, et qu’il était partant pour que nous racontions son histoire.
Nous avons interviewé Louis quelques jours avant sa prise de poste. Il nous a donné sa perspective sur la préparation que nous avons faite avec lui avant de lui présenter son futur employeur.
Comment avez-fait la rencontre de Pépites emploi ?
Je cherchais un emploi, et pour des raisons liées à mon handicap c’était difficile, car j’étais dans un protocole médical. Je devais trouver un employeur prêt à accepter un aménagement de mon emploi du temps à cause de mes RDV médicaux. En général, c’est un motif de crainte des recruteurs, ça rend les choses extrêmement compliquées. J’ai créé un compte sur le site de l’Agefiph, et 4 jours après j’ai été contacté par Isabelle, qui a vu que je m’étais connecté. Après quelques questions, elle m’a proposé un entretien. Je lui ai parlé de ma recherche et de mes besoins en aménagement. J’ai expliqué que j’étais dyslexique et dysorthographique. Pour moi travailler n’était pas une obligation financière à court terme, mais je n’arrivais plus à tenir en place : il faut que je bouge !
Quelle préparation vous a proposé Isabelle ?
Le rendez-vous s’est passé en visio. J’ai pu lui poser mes questions autour du poste, puis elle m’a coaché avant l’entretien. Elle m’a conseillé sur ma façon d’aborder les choses. Par exemple, je lui ai dit que j’avais fait une reconversion professionnelle de la boulangerie au gaz, mais je ne lui ai donné la raison que bien après. Elle m’a conseillé de l’expliquer d’emblée au recruteur pour faire ressortir la logique de mon parcours. Autre exemple, je n’ai pas continué dans mon entreprise après mon Bac pro malgré une proposition de poste. C’était mieux que je précise qu’on me proposait un contrat de 40h par semaine et 18h d’astreinte, et que ce n’était pas compatible avec mon protocole médical. Ça m’a permis de rester cohérent dans mon discours, et de rassurer le recruteur sur ma stabilité.
Est-ce que ça vous a aidé ?
Au départ, j’étais dubitatif, puisque je me suis toujours très bien préparé à tous mes entretiens. Mais j’évitais d’aborder le sujet du handicap, sauf si je voyais que j’avais vraiment besoin d’un aménagement.
Qu’est-ce qui fait que c’est difficile pour vous d’aborder la question de votre handicap en entretien ?
J’évitais parce que je pensais que c’était rédhibitoire pour les employeurs. Sur le papier, la quasi totalité des entreprises sont handi-accueillantes, parce que la loi l’oblige. Ici, c’était une demande faite par l’entreprise à Pépites emploi. Ils recherchaient spécifiquement une personne en situation de handicap. C’est une grande différence entre dire “on accueille le handicap” et “on fait des démarches pour”. Le fait de postuler auprès d’une entreprise prête à recevoir le handicap et envisager des aménagements m’a poussé à retravailler mon entretien. De base, je ne comptais pas en parler. Isabelle était très souriante, je n’ai pas senti le moindre jugement. Ça m’a marqué. Sa manière de parler m’a fait comprendre qu’elle n’était pas là pour me juger, mais pour m’accompagner. On voit qu’elle a choisi son métier par passion. Ça met rapidement en confiance, on le ressent, c’est très clair au moment de l’entretien. À la fin de l’entretien, elle m’a parlé du poste disponible chez Action. Le soir-même, j’ai été contacté pour un entretien le lendemain.
Comment s’est passé l’entretien ?
L’entretien s’est particulièrement bien passé. Le chef, son adjoint et ma future manager m’ont posé des questions sur mon CV, sur mon parcours. J’ai senti clairement qu’il y avait un lien entre Pépites emploi et cet entretien. Ils ont été prévenus de mes besoins en aménagement, j’ai parlé de mon protocole médical, sans donner trop de détails sur mon handicap. J’ai senti que ça ne changeait rien pour eux. J’ai perçu une volonté, un effort particulier pour m’accompagner. Parfois on a l’impression d’être infantilisé au niveau des perspectives d’évolution. Là c’était l’inverse. En gros le message était : “Si tu travailles bien, tu peux être promu au même poste que moi rapidement”. Ils ont une vraie volonté de faire évoluer les salariés.
Quelle suite a été donnée ?
J’ai reçu une réponse positive très rapidement, à la fin de l’entretien. Je vais commencer en CDI sur un contrat de 24h, et si ça se passe bien avec mon protocole, je passerai à 30h. Je suis maintenant vendeur polyvalent, enfin, c’est “employé polyvalent” plutôt, parce que la plus grande partie de mon travail sera d’organiser les rayons, de mettre en place les produits, de gérer les stocks, et je passerai au final peu de temps en caisse. Je voudrais dire un grand merci à Isabelle, pour sa préparation, et parce que c’était important pour moi de travailler.
Isabelle a également répondu à nos questions d’interview. Même recrutement, autre perspective : celle de notre Coordinatrice de recrutement.
Quelle est votre historique avec Action ?
On a commencé il y a quelques mois, avec Olivier C., le référent handicap national d’Action. On a mis en place une première promotion test sur la région parisienne : on a recruté une dizaine de candidats pour le poste d’employé polyvalent. On a organisé un Pépites dating en mai avec ces 10 candidats. C’est une sorte de speed dating, à la suite duquel 6 candidats ont été retenus : une opération hors normes, puisque notre objectif est souvent d’un à deux candidats retenus ! Si certains n’ont pas pu signer, il y a eu au final 3 embauches. Forts de ce succès, Olivier Cazoulat nous a sollicités pour continuer le recrutement avec pour objectif une promotion par région. On a commencé par le Grand Est, région dans laquelle nous avons recruté Louis. L’organisation d’un Pépites dating dans cette région n’était pas jouable, puisque le recrutement est tendu sur cette région. Il fallait réagir vite.
Comment réussissez-vous à cerner le besoin d’une entreprise comme Action ?
On organise une réunion de cadrage avec les responsables de secteur, voire les responsables de magasin pour chaque promotion. Même si on avait cerné le besoin pour Paris, il n’est pas forcément le même, car ce n’est pas la même typologie de magasin. À Paris, les magasins sont immenses, le rythme peut être différent. Les aménagements peuvent plus ou moins être mis en place selon le nombre de salariés d’un magasin. Il faut donc étudier les aménagements possibles sur les magasins ciblés : quel rythme horaire, combien de postes, quelle typologie de contrat ? temps partiel ? temps plein ? CDI ? CDD ?… Quel est le poste ? y a-t-il de la tenue de caisse ? de la mise en rayon ? du conseil ou de l’orientation client ? Ici, les postes étaient polyvalents, ils comprenaient aussi la mise en rayon, la réception des commandes, le rangement…
Comment préparez-vous les candidats comme Louis ?
Je l’ai écouté, et j’ai essayé de voir ce qui bloquait pour qu’il ne soit pas en emploi. Sur le jobboard, il avait indiqué rechercher un poste d’employé de rayon, et au vu de ses diplômes, c’était atypique. J’ai trouvé sa recherche étonnante. C’est en l’interrogeant que j’ai compris son besoin : il est sur un protocole médical qui ne lui permet pas d’être à temps plein, ce que son métier de technicien gaz ne permettait pas de mettre en place. Il avait du mal à expliquer le protocole, les conséquences que ça pouvait avoir sur son poste de travail, et comment demander un aménagement. Il manquait de confiance en lui, n’arrivait pas à dire simplement qu’il avait besoin de temps pour son protocole, il ne trouvait pas les mots. Il avait deux options : soit il ne l’expliquait pas et il n’avait pas l’entretien. Soit il l’expliquait, mais en général les candidats minimisent leur besoin et se retrouvent en difficulté sur le poste. Ou alors ils l’expliquent “en bloc”, et ça fait peur à l’employeur. Mon rôle a été de lui donner les mots pour expliquer de façon simple, compréhensible et acceptable ce besoin d’aménagement.
Comment mettez-vous en valeur la candidature de pépites comme Louis ?
On utilise d’abord systématiquement une fiche candidat, qu’on transmet à notre contact direct. Elle comprend un résumé du parcours de la personne, ses points forts, notre avis, pourquoi on pense que c’est une pépite et qu’il faut le recevoir, et ses besoins en aménagements, pour que le candidat n’ait pas peur d’aborder le sujet en entretien. Il peut en parler de façon sereine et posée, utiliser les mêmes mots que nous pour expliquer ses besoins, donc les choses sont raccord. Pour certains candidats, on envoie simplement cette fiche avec le CV car tout est transparent et il n’y a pas de difficulté particulière. Dans d’autres situations, on prend le téléphone : “Vous pouvez avoir des difficultés à comprendre pourquoi je vous l’ai envoyé, il y a peut-être tel ou tel manque apparent, mais son parcours de vie, ses formations font en sorte qu’il correspond et qu’il va trouver sa place”.
Qu’est-ce qui convainc le plus les entreprises dans les candidatures de vos pépites en situation de handicap ?
Parce qu’on ne choisit que les meilleurs ! Ce qui fait que ça fonctionne, c’est qu’on “transforme” un candidat en pépite. On le révèle. Il est bon à la base, il ne sait juste pas montrer qu’il est bon. Notre rôle, c’est de lui donner les mots, la possibilité de montrer qu’il est bon. On l’aide avec la fiche candidat, on le prépare, pour qu’il sache utiliser les mots qui vont valoriser ses compétences et son savoir-être.
Candidats, employeurs, et si c’était votre histoire ?…